Avec une très bonne cybersécurité, un réseau énergétique fiable et des initiatives gouvernementales visant à accélérer la numérisation de l’économie, la France offre un environnement favorable à l’accueil de data centers, à condition néanmoins d’en améliorer les performances énergétiques.
Arcadis, société internationale d’ingénierie et de conseil, publie « The Arcadis Data Center Location Index 2021 », une étude comparative des pays dans lesquels il est intéressant d’investir dans les data centers. Les Etats-Unis, le Japon et Singapour trustent le podium, tandis que la France se classe 9ème sur une cinquantaine de marchés intérieurs étudiés. L’index prend en compte plusieurs critères : le PIB par habitant et la taille du marché intérieur, la facilité à obtenir les autorisations d’urbanisme, le prix de l’électricité, la sécurité énergétique, la cybersécurité ou encore le niveau d’équipement en haut débit et la bande passante moyenne.
La crise sanitaire a mis en lumière et renforcé des tendances de fond comme le télétravail, le commerce en ligne et plus largement l’utilisation du numérique dont les besoins explosent, et nécessitent la construction et l’exploitation de datacenters à travers le monde. Des implantations elles-mêmes accélérées par la création de nouveaux réseaux d’accès (5G, FTTH).
La France est aujourd’hui le troisième plus grand marché des technologies de l’information et de la communication en Europe et est le dixième plus grand marché intérieur mondial. Par ailleurs, la France est un territoire favorable au développement des data centers car elle offre de bonnes performances en termes de cybersécurité et son réseau énergétique est l’un des plus fiables d’Europe, constituant ainsi un environnement idéal de ce point de vue. L’intérêt des investisseurs pourrait être décuplé par les initiatives gouvernementales récentes, comme l’allégement de la fiscalité énergétique en complément du développement du très haut débit sur l’ensemble du territoire. Une volonté régulièrement affirmée, comme lors de l’inauguration d’un centre de données en 2019, où Bruno Le Maire déclarait vouloir faire de la France « la première terre d’accueil de data centers en Europe. »
Une volonté qui s’inscrit également dans la compétition sur le contrôle des données, dans le sillage de la promulgation du CLOUD (Clarifying Lawful Overseas Use of Data) act américain, l’Union européenne préparant via son plan de relance numérique des mesures destinées à mieux contrôler ses données et son autonomie.
L’investissement en data centers en France représente donc un véritable enjeu au niveau national avec une très forte concentration d’installations en région parisienne. Le sud de la Seine Saint-Denis est ainsi particulièrement prisé et offre des possibilités de reconversion de friches industrielles, une aubaine pour les collectivités en périphérie qui souhaitent capter ces investissements. « Ces implantations massives soulèvent néanmoins des interrogations majeures, sur l’impact foncier à long terme et l’intégration urbaine ou encore la faible création locale d’emplois », précise Nicolas Boffi, City Executive Paris chez Arcadis.
Cette volonté d’attirer les data centers dans l’hexagone a néanmoins très récemment été tempérée par une proposition de loi adoptée au Sénat en janvier 2021 pour réduire l’empreinte environnementale du numérique. Elle prévoit d’obliger les data centers à prendre des engagements juridiquement contraignants auprès de l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse). « Des mesures qui vont de toute manière dans le sens des initiatives prises par les acteurs du secteur pour réduire leur consommation énergétique via des innovations à tous les niveaux : matériel comme logiciel », ajoute Nicolas Boffi. L’idéal étant d’intégrer à terme ces équipements dans d’autres programmes immobiliers pour améliorer l’impact foncier et faciliter la récupération de chaleur fatale, à l’instar de l’initiative de la Ville de Paris à Chapelle International.