Changement climatique et Green deal européen : Quelle feuille de route pour la filière du numérique et pour les DSI ?

Par Interxion

Six ans après les accords de Paris, et plus récemment après la COP26, l’objectif reste le même : limiter à 1,5 °C l’augmentation de la température moyenne de la planète. Pour parvenir à cet objectif, la communauté internationale doit atteindre la neutralité carbone à horizon 2050.

Pour y parvenir, l’Union européenne présente une stratégie globale, le Green Deal, des objectifs à moyen et à long terme, un plan climat ainsi que des mesures législatives. Ce Green Deal prévoit de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de l’Europe d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

Pour permettre à l’Europe de devenir le premier continent climatiquement neutre, les entreprises européennes vont notamment devoir doubler leurs investissements bas carbone. Comment les DSI vont-ils pouvoir s’inscrire dans cette démarche pour limiter l’impact environnemental de leurs organisations alors que la transformation digitale s’est accélérée depuis le début de la crise Covid-19 ?

Réduire la consommation énergétique des usages numériques 

Selon une mission d’information du Sénat, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre en France était de 2% en 2019. D’ici à 2040, elle pourrait dépasser le transport aérien (4,7%) et atteindre 6,7% des émissions totales de l’Hexagone. Les data centers représentent 20% des consommations énergétiques du numérique et ses principaux acteurs se sont engagés à améliorer de façon drastique leur efficience énergétique.

Entre 2010 et 2018, la consommation mondiale des data centers n’a augmenté que de 6% alors que le nombre d’instances de calcul a augmenté de 550%[1]. Pourtant, avec l’accélération des usages numériques qui prévoit des taux de croissance de la donnée de 139% par an[2] les enjeux sont réels. En 2030, le secteur pourrait utiliser jusqu’à 10 % de la production électrique mondiale en 2030 contre 3 à 4 % aujourd’hui.

Alors que les dépenses des organisations en matière de services d’infrastructures cloud continuent d’augmenter (+37% au troisième trimestre 2021), la profession – opérateurs de cloud et de data centers, ainsi que les associations professionnelles du secteur- a signé le Climate Neutral Data Center Pact, la déclinaison sectorielle des ambitions du Green Deal Européen. Ce pacte a pour objectif d’assurer que les data centers soient neutres en carbone d’ici 2030.

Anticiper la réglementation européenne pour le choix de son infrastructure

Le Green Deal Européen impose aujourd’hui un engagement d’efficience énergétique basé sur un indicateur PUE[3] (Power Usage Effectiveness) de 1,3 pour tous les nouveaux data centers. En 2030, cette réglementation s’appliquera également à l’ensemble des centres de données existants, supposant des investissements pour leur mise à niveaux étant donné que le PUE moyen des data centers français connus est aujourd’hui supérieur à 2 (selon une étude réalisée par le cabinet de conseil APL).

Pour atteindre l’objectif d’efficience énergétique fixé par le Green Deal, tous les acteurs du marché devront revoir leurs principaux postes de consommation (production de froid, systèmes électriques, etc.) ainsi que le design de leurs bâtiments. Ces investissements sont susceptibles d’impacter les dépenses en infrastructures cloud des entreprises. Les DSI peuvent, dès aujourd’hui, choisir un opérateur de data center efficient sur le plan énergétique.

Parce que l’optimisation énergétique ne suffit pas, les responsables informatiques devront également opter pour des acteurs ayant fait le choix d’énergies 100% décarbonées et renouvelables pour leur alimentation ou leur refroidissement électrique (hydraulique, éolien, solaire, etc.), et capables de s’appuyer sur  le monitoring pour mesurer en temps réel les paramètres influents sur les performances énergétiques et le bon fonctionnement des machines (taux d’humidité, température, rendement des équipements, etc.).

Sans oublier qu’un objectif annuel en matière d’efficacité quant à la consommation d’eau sera adopté d’ici 2022 et que des réglementations d’économie circulaire seront imposées (réparation, réutilisation ou recyclage) pour l’ensemble des équipements électroniques (serveurs, composants, etc.).

2030, c’est après-demain

Pour que les entreprises prennent leur part dans le Green Deal Européen et surtout soient prêtes pour l’échéance 2030 (dans huit ans seulement !), elles devront mesurer avec précision leurs émissions de CO2, ce que seules 9% d’entre elles font aujourd’hui selon une étude du cabinet de conseil Boston Consulting Group publiée il y a quelques semaines.

Pour que la transformation numérique de leur entreprise soit compatible avec les ambitions de l’Union Européenne en matière de neutralité carbone, les DSI devront se faire accompagner par des experts et faire le choix des acteurs du marché les plus ambitieux en matière de réduction de leur empreinte carbone. Ceux qui par exemple disposent d’une stratégie carbone et n’hésitent pas à innover pour agir sur les postes énergétiques les plus coûteux du data center, tel que le refroidissement par exemple – la solution River Cooling développée à Marseille en est une parfaite illustration.


[1] Source : revue scientifique indépendante “Science”).

[2] Source : Data Gravity Index, Interxion :A Digital Realty Company

[3] L’indicateur d’efficience énergétique appelé PUE (Power Usage Effectiveness) calcule le rapport entre l’énergie consommée par le data center et l’énergie consommée par les machines informatiques client. Un rapport le plus proche de 1/1 est recherché.