Tests de la fibre optique : ayez le bon angle de vue

Par Viavi

Lorsque vous regardez cette image, voyez-vous un calice ? Ou voyez-vous deux hommes de profil ? Maintenant que j’ai cité les deux images, pouvez-vous les voir toutes les deux simultanément ? Il en va parfois de même pour les tests de la fibre optique : vous devez être capable de voir plus que ce qui saute aux yeux. Autrement dit, pour veiller à ce qu’une fibre optique fonctionne au maximum de sa performance, vous devez pouvoir observer son comportement sous différents angles.

Mais comment faire pour obtenir un meilleur angle de vue sur les fibres que vous testez ?

Vous pouvez bien sûr ne rien faire (et vous n’obtiendrez rien). Certains techniciens pratiquent la technique du « brancher et croiser les doigts» et s’abstiennent de tester la fibre optique en espérant simplement que tout fonctionnera au mieux. Selon moi, pourtant, cette approche crée simplement des retards et augmente les potentiels coûts opérationnels (OpEx) futurs. À un moment ou à un autre, une liaison fibre optique ne s’activera pas correctement ou une liaison récemment activée ne fonctionnera pas. Et là, vous devrez passer du temps supplémentaire à rechercher les défauts ou à vous rendre sur site pour commencer à dépanner le réseau. Dans un cas comme dans l’autre, il y aura des coûts opérationnels additionnels qui auraient pu être évités si vous aviez effectué quelques tests dès le départ..

Les bases

Les vendeurs d’équipement réseau communiquent des spécifications indiquant les conditions requises pour que leurs systèmes optiques fonctionnent correctement. En général, ces spécifications définissent des limites de budget de perte optique et de perte par réflexion optique. Les simples tests d’affaiblissement et de perte par réflexion optique (ORL) doivent donc répondre aux exigences de base suivantes :

  • L’affaiblissement doit demeurer en dessous du niveau spécifié pour maintenir un bon rapport signal/bruit optique (OSNR) pour une liaison de transmission optique, afin que l’équipement réseau (les récepteurs optiques) puisse recevoir les données dans un format acceptable.
  • La perte par réflexion optique doit être testée dans le respect des limites spécifiées afin de minimiser la puissance optique renvoyée vers un laser qui pourrait entraîner des erreurs ou des pertes de données et, à plus long terme, endommager le laser..

La valeur d’affaiblissement est la même dans les deux directions le long d’une liaison fibre optique (de l’origine à la fin, et vice versa). Néanmoins, une mesure bidirectionnelle fournira des résultats plus précis. La perte par réflexion optique peut être différente dans chaque direction. C’est pourquoi les mesures bidirectionnelles devraient être obligatoires pour l’ORL.

Alors que les tests d’affaiblissement et de perte par réflexion optique sont considérés comme essentiels, un autre type de test de la fibre optique, à savoir les tests de réflectométrie optique (Optical Time Domain reflectometer, OTDR), est souvent omis pour des questions de coûts, de temps et de complexité présumée. Les tests bidirectionnels d’affaiblissement et de perte par réflexion optique constituent le minimum requis, mais certains problèmes leur échappent et ils peuvent ne pas détecter certains défauts. Et, bien sûr, si vos tests d’affaiblissement et de perte par réflexion optique échouent, quel est l’outil dont vous allez avoir besoin pour dépanner efficacement une liaison fibre optique ? Un réflectomètre optique (Optical Time Domain reflectometer, OTDR)..

Au-delà des tests d’affaiblissement et de perte par réflexion optique

Qu’y a-t-il au-delà des tests d’affaiblissement et de perte par réflexion optique ? Toutes les informations relatives à la longueur totale réelle d’une liaison fibre optique, aux longueurs et aux pertes des différentes sections de la fibre optique, au nombre d’épissures et de connecteurs présents et à l’impact de chacun de ces éléments sur la performance globale de la liaison. Un réflectomètre optique caractérise ces événements en indiquant leur réflectance (quelle quantité de lumière ils reflètent ou rétrodiffusent) et les pertes optiques qu’ils ajoutent à la liaison. Un niveau trop important de l’un ou l’autre de ces deux aspects peut entraîner un échec des tests d’affaiblissement ou de perte par réflexion optique. Un réflectomètre optique peut aussi identifier d’autres défauts potentiels, comme les courbures, et indiquer à quelle distance se trouvent ces défauts.

Les tests effectués en connectant un réflectomètre optique à une extrémité de la liaison fibre optique à tester sont appelés tests d’OTDR unidirectionnels. En incluant de tels tests, vous vous prémunissez contre des coûts ultérieurs en temps, efforts et argent (sans parler de la mauvaise qualité de l’expérience client).

L’interprétation de ces traces d’OTDR peut être une tâche intimidante. C’est pourquoi un bon réflectomètre optique convertira automatiquement la trace pour la rendre facilement lisible et permettre d’identifier de nombreux événements. VIAVI utilise la fonctionnalité Smart Link Mapper, avec des icônes simples, comme vous pouvez le voir ci-dessous.

VIAVI OTDR Trace View
Smart Link Mapper

Vous venez d’effectuer votre test de réflectométrie optique unidirectionnel et tout est parfait ?

Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.

Tests de réflectométrie optique bidirectionnels

Il vous faut plus qu’un test de réflectométrie optique unidirectionnel pour obtenir une visibilité complète. La bonne approche consiste à utiliser des tests de réflectométrie optique bidirectionnels afin de révéler davantage de détails et, ainsi, de correctement diagnostiquer les problèmes (ou les faux problèmes), tels que :

Événements cachés:
les tests de réflectométrie optique bidirectionnels peuvent révéler des événements dissimulés dans les zones mortes de réflectométrie où des événements proches les uns des autres passent parfois inaperçus et apparaissent en tant qu’événement unique. En effet, la lumière réfléchie (ou rétrodiffusée) du premier événement masque la lumière réfléchie d’un événement proche, situé immédiatement après le premier, et le réflectomètre peut alors la confondre ou la manquer. Des tests réalisés depuis l’autre extrémité (à l’extrémité la plus distante) de la liaison fibre optique révèleront le second événement, offrant ainsi une visibilité plus précise de l’état réel/actuel de la liaison..

bi-directional OTDR test results

Gains:
Le problème du « gain » est un événement sur une trace OTDR présentant une perte négative. Il s’agit d’un événement semblant amplifier et réduire la perte de la liaison fibre optique, ce qui est impossible. Il en résulte un connecteur négatif ou une perte d’épissure (épissure A dans la première trace d’OTDR) et, généralement, une perte correspondante trop importante (épissure B) et aucun de ces deux événements n’obtiendrait la mention conforme (réussite) ni ne serait validé. Cette situation est généralement due à des fibres optiques dépareillées, dans une liaison où les fibres de lancement et de réception ne correspondraient pas à la fibre testée. Cela peut également provenir de différences entre des fibres optiques ayant été épissées ensemble pour créer une liaison, par exemple dans le cadre d’une réparation.

Les différences entre les fabricants ou même entre les lots de fabrication peuvent entraîner des disparités de coefficient de rétrodiffusion d’une fibre optique. Ces fibres, lorsqu’elles sont épissées, peuvent alors faire apparaître un « gain ». Les tests de réflectométrie optique bidirectionnels vous permettent d’équilibrer ces différences de fabrication/rétrodiffusion/mesure et ainsi d’obtenir la perte d’événement réelle, ce qui peut vous aider à déterminer si une épissure, un connecteur ou une section de la fibre optique pose réellement un problème et s’il faut le ou la remplacer. Vous économisez ainsi potentiellement du temps et de l’argent, ou vous évitez d’abandonner une liaison fibre optique de bonne qualité.

Une fois que les pertes des événements d’épissures ont été reliées et équilibrées, vous obtenez la perte réelle ou véritable et, comme vous pouvez le voir, il ne s’agit ici ni d’un gain optique ni d’une perte excessive requérant un travail de réparation. La perte véritable est inférieure à 0,1 dB, la valeur considérée comme la limite pour une bonne épissure par fusion.

Bien sûr, pour les techniciens ou les sous-traitants, le temps requis pour effectuer ces tests bidirectionnels peut être problématique. Ces tests impliquent potentiellement des durées prolongées sur site et la création de rapports plus nombreux, ce qui permet d’effectuer moins de tâches quotidiennement. Mais il est tout aussi important et judicieux de considérer le temps que vous économiserez dans le futur:

  • Prémunissez-vous contre de mauvaises expériences client dues à des défauts de la fibre optique non détectés
  • Minimisez la nécessité de retourner sur site physiquement pour des questions de dépannage
  • Évitez de jeter des fibres optiques en parfait état
  • Renforcez votre réputation d’un « bon fonctionnement du premier coup »

Le prix à payer suite à des tests de mauvaise qualité ne s’évalue pas seulement d’un point de vue financier (même si, en tant que sous-traitant, le prix final payé pour une seconde visite sur site a de grandes chances de sortir de votre poche). Votre réputation se crée sur vos travaux passés. Faire votre travail en suivant les meilleures pratiques possible est l’occasion d’impressionner les clients. La réalisation de tests de réflectométrie optique bidirectionnels montre que vous êtes rigoureux, que vous prenez votre travail au sérieux et que vous vous souciez de l’activité de vos clients. Enfin, réaliser des tests complets et proactifs vous permet de vous différencier de la concurrence.

Personne ne souhaite devoir retourner sur un site pour corriger quelque chose qui aurait dû fonctionner (Quel embarras ! Quelle honte !). Alors, faites bien les choses du premier coup et effectuez des tests de réflectométrie optique.

Pour obtenir encore plus d’astuces et de bonnes pratiques concernant les tests de la fibre optique, lisez les autres articles de cette série:

#N° 1 – Testez plus facilement les réseaux FTTH/PON avec un réflectomètre optique

N° 2 – Comment être sûr que mon réflectomètre détecte tous les événements ?